La dangereuse érosion des capacités de combat de surface de la Marine nationale
La mer joue un rôle majeur pour tout État, ou toute alliance d’États, qui souhaite projeter sa puissance au-delà de son seul environnement immédiat. Historiquement, la constitution d’une marine de guerre puissante par un pays à toujours été le signe que celui-ci souhaitait jouer un rôle plus important dans les affaires mondiales, et projeter sa puissance au-delà de ses frontières. Il en fut ainsi de l’Espagne et du Portugal au début du XVIe siècle, de la Hollande, de l’Angleterre et de la France dès la fin de ce même XVIe siècle, des Etats-Unis, de l’Allemagne, du Japon ou de la Russie au tournant du XXe siècle. Aujourd’hui, la Chine, l’Inde, une Russie renaissante mais aussi des marines autrefois moins « visibles » comme les marines sud-coréenne ou brésilienne projettent ou mettent en oeuvre des plans de construction navale conséquents. En fort contraste, la réduction de format semble à l’ordre du jour pour les deux premières marines d’Europe, la Royal Navy et la Marine nationale. Durement touchée, la Royal Navy ne dispose plus aujourd’hui que de vingt-deux bâtiments de surface de premier rang (destroyers et frégates), alors qu’en 1997 le Ministry of Defense (MoD) britannique estimait encore que trente-deux bâtiments étaient un minimum. Pire, ce total pourrait tomber à quatorze, rendant difficile la préservation des capacités nécessaires à une escorte efficace des deux porte-avions de la classe Queen Elizabeth destinés à entrer en service à partir de 2014. La situation de la Marine Nationale, moins dramatique à première vue, est en fait tout aussi mauvaise, bien que le format retenu par le Livre Blanc sur la Défense et la Sécurité Nationale soit de dix-huit bâtiments de surface majeurs (deux frégates – en fait des destroyers selon l’OTAN – de la classe Forbin (Horizon), cinq frégates de classe La Fayette (FLF), et onze FREMM de classe Aquitaine). Loin d’une simple réduction, c’est sur la voie d’un véritable déclin de ses capacités navales de surface que semble engagée la Marine Nationale, au même titre que son homologue britannique. En effet, au-delà d’un nombre de navires de plus en plus faible au fil des lois de programmation militaires, il n’est pas trop fort de parler de déclassement dans la mesure où les capacités de combat de la marine nationale dans toutes les classes de bâtiments de surface sont où seront inférieures à la majeure partie de celles des principales marines non-européennes. Cette infériorité rendra la Marine nationale de moins en moins capable de conduire des opérations navales d’envergure, et ce encore moins dès lors que celles-ci impliqueraient des opérations de « haute intensité ». Le présent billet fait un panorama des principaux déficits de la Marine Nationale.
L’américain Robert Work (alors chercheur au Center for a New American Security, un think-tank proche de l’actuelle administration Obama) a adopté, dans une étude de 2008 intitulée To Take and Keep the Lead, un système de classification de la puissance des navires de guerre contemporains (disponible rapidement via le blog Information Dissemination en suivant ce lien), similaire dans l’esprit au système de classification mis au point par Samuel Pepys (secrétaire de l’amirauté britannique) en 1677 pour comparer la puissance des navires de ligne à voile. Le système de classification de Work, qui comme l’était à l’époque celui de Pepys est une simplification volontaire (ne prenant en compte que l’armement principal au détriment des autres variables), permet néanmoins de comparer la puissance non seulement des classes de navires, mais in fine des marines de guerre, et est donc un outil utile à l’analyste. En suivant ce système, on constate que les frégates Horizon et les FREMM, ne sont que de quatrième, voire de cinquième rang. Les FLF, avec seulement huit Exocet, sont de sixième rang. Autrement dit, en termes d’armement, la Marine Nationale n’est qu’une marine de cinquième rang, loin derrière l’US Navy, mais aussi les marines russe, chinoise, japonaise, ou sud-coréenne. Individuellement, un navire de surface français aura une salve anti-navires de taille réduite (8 missiles maximum), là ou les navires russes ou chinois ont des salves doubles. De même, avec seulement 16 ou 32 missiles anti-aériens, une attaque saturante aura toutes les chances de passer le feu défensif d’une frégate française. Cette situation est préoccupante y compris dans un schéma de « techno-guérilla navale » où l’adversaire userait de multiples vecteurs légers mais lourdement armés. Avec seulement quatre missiles anti-navires modernes par navire, un groupe de six patrouilleurs lance-missiles pourrait en une seule salve (32 missiles) venir à bout de la totalité du stock de missiles prêts à être lancés d’une FREMM, et sérieusement entamer celui d’une frégate Horizon, pour ne rien dire de la faible batterie Crotale des FLF. Et encore, cela part d’un cas idéal où tous les missiles adverses sont abattus, ce qui a peu de chances de se produire dans la réalité. Par ailleurs, l’armement défensif secondaire de ces navires est très insuffisant. Ces défauts sont d’autant plus rédhibitoires que les navires français ne disposent d’aucune capacité spécifique leur permettant de rétablir la balance. Dans un scénario de moyenne intensité, dont la guerre des Malouines de 1982 reste un bon exemple, une force navale française (et britannique d’ailleurs) serait plus que certainement très malmenée, les littoraux étant propices à des tactiques de guérilla navale. Bien pire encore, l’allonge d’une force aéronavale française reste réduite tant dans un scénario défensif qu’offensif, les portées des principaux missiles (Aster 15 et 30, Exocet) restant faibles eut égard aux performances de nombre d’armements étrangers, particulièrement russes ou chinois, dont les performances en termes de guidage net de portée sont en constante progression.
La faiblesse des capacités de combat des navires de surface français n’est pas, hélas, un cas isolé, et reflète en réalité fidèlement la situation de la majorité des marines européennes, aucune ne disposant par exemple de SM-2ER (missile anti-aérien d’une portée de 200 milles nautiques) mais seulement de la version MR, à la portée comparable aux missiles Aster. Ce manque d’allonge se combine au manque de puissance de la salve offensive des destroyers et frégates européens, seuls les Danois disposant sur leur frégates de classe Absalon d’une salve anti-navire de 8 à 16 missiles, alors que les autres marines se contentent de salves de 4 à 8 missiles (soit pour donner un exemple comparatif la puissance de deux patrouilleurs Type-022 chinois, bien moins coûteux). De fait, il semble bien que les marines européennes aient oublié qu’elles sont d’abord des marines de guerre. L’intégration poussée des forces navales aux dispositifs américains a habitué les européens à travailler sous l’ombrelle anti-aérienne américaine, tandis que l’héritage de la guerre froide, et des missions d’escorte de convois, a fait négliger les capacités offensives des navires de surface. En France, les missions dites « de service public », telles que les patrouilles de souveraineté ou la lutte anti-trafics ont sans doute pris une place trop importante dans les missions confiées à la Marine nationale. Mais, dans le domaine naval comme ailleurs, l’importante prolifération d’armements sophistiqués, couplée à l’emploi de tactiques novatrices, va forcer les tactiques à s’adapter. Les déficits des forces de surface peuvent être, dans une certaine mesure, comblés par les autres composantes de la Marine, l’aéronavale et les SNA. En outre, en cas de conflits d’envergure ces deux composantes auraient des missions propres ne leur permettant pas forcément de compenser l’infériorité des navires de surface, dont de toute manière SNA comme aéronefs ne peuvent prendre en charge les missions. De la même manière, l’excellence des équipages ne peut compenser qu’en partie les déficits capacitaires ; les exemples de la marine impériale japonaise, tactiquement excellente mais surclassée par l’emploi du radar par l’US Navy, ou de la Royal Navy face à la Luftwaffe en Méditerranée en 1941-42 sont là pour le prouver. Les déficits observés ici n’ont pas pour cause l’infériorité technologique, ou un manque de moyens. Ils sont le résultat d’un déficit de réflexion sur la guerre navale, conduisant à des programmes de navires déconnectés de leur environnement stratégique. Les Britanniques, en 1982, ont payé cher leur impréparation en matière de guerre de surface. Vingt-sept ans plus tard, la Marine nationale – représentative en cela des autres marines européennes – semble dans une situation similaire.
les frégates légères ont la possibilité d’êtres équipées de silo aster. les silos sont capables d’emporter des missiles de croisières, les BPC peuvent êtres également équipés de silos…MBDA travaille sur une version anti-ballistique de l’aster…
Les Fremm et les Horizon sont peut êtres sous équipées et en faible nombre mais permettent de conserver des savoir faire et des capacités de renforcement ce qui est l’essentiel. Leur efficacité est sans commune mesure avec les anciennes générations. le bond capacitaire est réel. C’est d’ailleurs pour cela que DCN vend des bateaux.
Nous ne sommes plus en « Guerre » avec nos voisins immédiats. Je ne vois pas l’intérêt de sur équiper nos armées lorsque nous avons simplement besoins de patrouilleurs pour nos ZEE.
De toute façon il ne faut pas être surpris. Pour faire du social la France à tuer son armée à petit feu…. C’est un constat simple et clair. Pas d’argent, pas de vision politique …pas d’armée.
A part les USA et le Japon, je connait pas de flottes qui ont un système de défense contre les IRBM.
Une information …ou une intox :
une information chinoise inquiète la flotte US .
Il concernerait une version améliorée du DONG FENG 21 , d’une portée de 2000 km , en version anti- navire … Un missile balistique spécialement dédié contre les grosses unités navales , de type porte-avions et croiseurs- frégates …
De fait, le développement d’une solution AA francaise pour contrer ce type de menace serait plus que souhaitable .. Nos chevalier Paul et autres Aquitaine sont déjà dépassées …. Sauf pour effectuer des missions humanitaires ( et encore , tout dépend de l’intensité ) .
La royale ne sera qu’une flotte humanitaire dans 5 ans, du fait de la generalisation de ce type de menaces … et de l’absence d’equipements et systèmes d’armes pour contrer ces menaces …
Comme quoi, notre vision du technologique est sensiblement différente de celles d’autres pays …. un but différent , pour un résultat en décalage avec la réalité du terrain ….
@ Laurent
Je suis on ne peut plus d’accord. Les problématiques tactiques et techniques décrites ici sont à mon sens le résultat d’une absence, d’abord et avant tout, de stratégie non seulement navale mais nationale. Ensuite, sur l’art opératif, j’avais dans un précédent [billet|/index.php?post/2008/12/28/Penser-autrement-les-operations-navales] milité en faveur d’une approche opérative des opérations navales, ainsi que d’une approche capacitaire dans la conception des systèmes d’armes. Je rejoignais ainsi les travaux de Vego, que je ne connaissais alors pas. Dans tous les cas, il faudrait effectivement partir de la stratégie pour aboutir à la tactique et in fine à la technique. Faire l’inverse, c’est faire la politique de nos moyens au lieu d’avoir les moyens de sa politique.
Des éléments de réflexion pour le débat ci-dessus peuvent être trouvés dans le dernier numéro de DSI. Je veux parler de l’article de Milan Vego : « Obsédée par la tactique, l’US Navy néglige l’art opérationnel ».
Comme quoi les Occidentaux continueront à aller dans le mur tant qu’ils accorderont le primat à la tactique et à la technique, pour ensuite « remonter le courant ».
Alors que le processus normal et sain devrait consister d’abord à avoir une vraie stratégie (c’est-à-dire une vraie politique), laquelle détermine les orientations opératives, lesquelles déterminent à leur tour les orientations tactiques, lesquelles, au final, déterminent les choix technologiques.
Bonjour !
je prends connaissance du contenu de votre article, des refléxions et commentaires.
Je partage votre avis sur nombre de points. pour ma part,j’ajouterai, pour ce qui concerne la marine nationale :
– une quantité de navires divisée par 2 , par rapport à la fin des années 80. (notre parc actuel et futur – par exemple,FREMM-, en matière ASM, pour ne prendre que cet exemple, me donne des sueurs froides!).
– Aucun navire actuel ou commandé n’est » à la page » en matière de défense AA, en raison d’une quantité de « munitions » prêtes à être lancé , proprement insuffisante.
– une dotation systématique INSUFFISANTE en moyen d’auto-défense credible et efficience.( cf. vos réflexions concernant un contexte de guerilla navale). et quelque soit le navire ( navire de combat, de patrouille, de surveillance, de soutien, de mines, de ravitaillement, atelier…)
– Les annonces de la MN,concernant le remplacement des A69, sont encore moins rassurantes. Nous risquons d’avoir un parc pethorique de navires de surveillance ( de quoi) , etc… Pourtant, il y a une opportunité à saisir, pour rétablir une situation » dérapante » et dangereuse. 12 « nouvelles » corvettes en 2200-2400 TPC et bien dotée, compenserait efficacement cette situation…Ce que nous avons « APPROCHE » avec la flotte bleue.
– l’absence de vecteurs multiplicateurs de vecteurs. Je m’explique : pas de patrouilleurs modulaires et configurable en dotation, pour être embarqué dans les radiers de nos BPC et TCD …. dans certaine configurations, naviguer actuellement sur de tels navires, c’est… comme prendre un billet sans retour!!!Et dire que les BPC sont conçus, entre autre, pour accueillir un etat major … donc nos elites…. j’ai encore des sueurs froides, veuillez m’excuser ! Maintenant,voyez- vous le concept a changé: on envoie nos élites militaires se faire massacrer… En désespoir, on enverra ensuite, seulement le soldat de 2ème classe… Pourtant, il existe des projets très interessants…!!!
– aucun vecteur ( quelquesoit les marines PAR AILLEURS !..) du type chasseur-mouilleur/recupérateur de conteneurs à immersion variable, piloté ou non, doté de charges explosives ou non !
( ps : si les iraniens complétent leurs flottes par type de vecteur, aucun sous marin actuel et de navires civils et militaires ne s’aventurera dans le golfe et le détroit. S’ils améliorent leur flotte de guerilla navale, il auront une maîtrise totale des dimensions maritimes et sous- marines dans la région…Et nous , nos beaux navires furtifs mal dotés : des mammouths en somme! Alors, il serait raisonnable d’anticiper !!!).
– les choix effectués et /ou annoncés . 3 exemples :
1/ les SNA : 6 . Pour ma part, ils sont inadaptés, de part certaines missions que l’on souhaite leur confier; leurs dimensions et équipements .Je préfèrerai 5 SNA BARRACUDA , et 4 SMX 23 diesel/batteries de 1000 tonnes. Avec un système de navigation et de combat similaire et adapté à celui des BARRACUDA, on n’est plus dans une « solution UNIQUE ». Et pas besoin d’ouvrir un cursus de formation spécifique . Juste prévoir des « UNIT » de formation pour le type de mission spécifique confié à ce type de vecteur, ..en fin de formation…. Et puis économiquement, DCNS est certain de placer des SMX23 (que des SNA de 4800 t…). Bref, on s’ouvre, à tous les niveaux!!!
2/ Actuellement : 2 BPC + 2 TCD = ( 2 *885 m2) + ( 2*1732 m2) de radiers . Soit une superficie totale de 5234 m2.
Et l’on se galvanise ….
ps: Les TCD sont, sauf erreur de ma part construit selon des standards militaires …Les BPC…civils. Dans L’eventualité d’un débarquement, ne serait ce pas les TCD, qui irait au contact, en premier … pour plager
Désolé pour avoir été si long !
La, je suppose que vous faites allusions au niveau des exercices à cette simulation ou la Ve Flotte US se fait décimer par une guérilla maritime iranienne et dont les résultats ont était dénié par l’Etat Major ?
@ christo
Idée excellente, et qui mériterait effectivement d’être creusée. Cela déboucherait dans ce cas sur une classification plus complexe (et donc un peu plus fastidieuse à mettre en place) que le modèle proposé par Work, mais qui pourrait permettre une analyse bien plus fine. Au passage, il pourrait s’agir d’une piste de réponse à la question pertinente posée par clarisse des critères de classification.
Toutefois, attention à ne pas confondre un modèle, aussi séduisant soit-il, avec la réalité :
En définitive, comparaison n’est pas raison, et il y a toujours une part d’arbitraire dans les critères choisis et la valeur qu’on leur accorde. En dernier ressort, aucun système de classification/comparaison/modélisation ne peut (ni ne pourra sans doute jamais) refléter l’incertitude de la guerre. Et c’est en dernier ressort la valeur du chef qui, toutes choses égales par ailleurs, fera la différence.
Cela étant dit, votre proposition mériterait de plus amples recherches. Pourriez-vous, si cela vous est possible, m’envoyer par mail (à l’adresse figurant sur le blog) un modèle de fonction d’utilité multi-attributs et, si vous en avez, des pistes quand à la modélisation des différents critères (en d’autres termes, comment les traduire en valeurs) ?
Découvrant votre très intéressante discussion sur la comparaison des Marines et sans remettre en cause les travaux de M. Work, pourquoi ne pas utiliser des fonctions d’utilité multi-attributs chères à Von Neumann et à notre prix Nobel Maurice Allais ? Ainsi les différents paramètres, qui seraient ici appelés attributs (puissance de feu, mobilité, furtivité, etc), pourraient être pris en compte après encodage des « préférences » de messieurs les stratèges !
Ainsi, par cette approche globale, vous pourriez comparer sur une même échelle les Marines (ou leurs navires) grâce à une « scorisation » issue de leurs propres attributs.
Pour ceux qui ont le temps et le savoir dans les sciences de la décision, cela pourrait faire un sujet atypique d’étude.
Bonjour,
Le dernier DSI-IT vient de sortir et un article est consacré au Frappeur de Mr René Loire.
Pourquoi ne pas passer le pas?
La MN et les différents lobbys céderont ils afin de conserver à la France son rang en innovant plutot que de se résigner à subir la montée en puissance des pays continents dont nous n’auront pas les moyens, et sans attendre l’Europe(l’intendance suivra).
Un unique porte-avions, indisponible près de 2 ans pour IPER… et le voilà victime d’un incident mécanique!
Bonjour la crédibilité de notre pays
@ clarisse
Il ne s’agit pas tant ici de géopolitique que de tactique. Et en tactique, la puissance (de feu, en l’occurrence), est un facteur absolument déterminant, surtout à l’ère du missile, qui rend la vitesse par exemple moins importante du point de vue tactique (elle reste un facteur de mobilité stratégique). Je ne peux que conseiller la lecture de Hughes (Fleet tactics and coastal combat) à ce sujet. C’est d’autant plus important que le blindage n’est plus non plus un facteur majeur, les navires de surface modernes reposant sur des missiles/canons pour leur défense et celle des navires qu’ils escortent. Et ce, quelle que soit la vision géopolitique que l’on défend. En ce sens, l’armement reste un critère plus que pertinent pour évaluer les capacités tactiques d’un navire de guerre. Le système de Work, comme le système de Pepys, n’a pas a priori d’autre objet.
De plus, dire que la puissance est une lecture américaine de la géopolitique est erroné à mon avis. C’est plutôt le fait de ne pas considérer la puissance comme un facteur valide qui est une exception européenne, et c’est pour moi un défaut majeur (et une cause fondamentale de l’incapacité des Etats européens à peser substantiellement sur les affaires du monde, individuellement ou collectivement).
Une marine de guerre est faite pour faire la guerre, point. Une force armée existe pour imposer par la force la volonté nationale, ou pour appuyer une action diplomatique visant le même résultat par des moyens plus pacifiques. En dernier ressort, elle existe pour protéger les citoyens et le territoire national (et j’insiste sur national). Mais aucun État européen, et l’UE encore moins, ne seront une puissance réelle tant qu’ils n’admettront pas la notion « d’imposer par la force sa volonté à autrui ». La notion de défense, qui permet adroitement d’évacuer la guerre, est un non sens historique et stratégique.
Quand je parle de déconnexion de l’environnement stratégique, c’est bien pour montrer que nos capacités de combat naval (de surface en l’occurence, mais une aéronavale à un seul porte-avions n’est pas non plus un instrument crédible de projection de puissance, surtout lorsque ce porte-avions est indisponible) sont trop faibles, incapables d’être un instrument crédible d’imposition à autrui de la volonté nationale. L’inadaptation est donc bien quantifiable en termes de puissance et donc d’armement.
Il me semble naïf de penser le combat en des termes qui, in fine, évacuent le combat de l’équation.
Bon, je me suis mal exprimée.
L’utilisation de la puissance comme unité de mesure comparative est une des caractéristiques de la géopolitique américaine.
Par système européen, je voulais dire fondé sur une lecture stratégique navale européenne différente, c’est-à-dire un système élaboré à partir d’un postulat autre que les critères armement ou tonnage, qui ne sont plus pertinents pour évaluer les capacités de réponses aux enjeux navals d’aujourd’hui et de demain.
Ce système devrait ainsi prendre en compte le milieu où évoluent ces navires, leur efficacité/survie par rapport à ce milieu, et pas seulement leurs caractéristiques brutes.
(comme noté: « un déficit de réflexion sur la guerre navale, conduisant à des programmes de navires déconnectés de leur environnement stratégique. »)
Et bien sûr cette classification se devra d’être « universelle », permettant une comparaison efficace et pertinente des marines mondiales.
@ clarisse
Je ne pense pas qu’il soit possible de mettre en place un système spécifiquement européen. Pour être valide, un système de classification doit être applicable à n’importe quelle marine de guerre du monde, de manière à permettre des études comparatives. A ce titre, le système de Work est certes simplifié, mais il a l’intérêt de proposer une classification des bâtiments qui ne soit pas dépendante du tonnage, ce qui reste un critère courant (la classification OTAN entre destroyer et frégate, par exemple, s’appuie sur le tonnage) mais désormais assez peu pertinent, dans la mesure où deux navires de même tonnage peuvent n’avoir un armement totalement différent, voire qu’un navire de faible tonnage peut être mieux armé qu’un autre de tonnage plus élevé.
On pourrait raffiner le système de Work, mais en ajoutant des variables on cesse de pouvoir faire des comparaisons qui fonctionnent pour l’ensemble d’une flotte de surface… Le problème est donc complexe. De fait, le système de Work tel qu’il est permet des comparaisons valables entre marines de guerre relevant d’une approche différente du combat naval. En dernier ressort, la puissance de feu est l’attribut le plus important d’un navire fait pour le combat. Le problème me semble être que les marines européennes n’envisagent plus d’être confrontées à des combats aéronavals, ce qui est bien sûr une attitude dangereuse.
Il ne peut donc y avoir de système spécifiquement européen puisque la tactique navale est la même pour tout le monde ! La question ici n’étant pas tant celle des capacités de projection, mais de l’efficacité au combat. En admettant une approche globale, et non fondée sur les plates-formes, le système de Work reste le plus pertinent puisqu’il continue de permettre d’établir ce que les soviétiques appelaient la corrélation des forces (exemple : entre deux GAN, lequel est le plus puissant). Imparfait donc (comme l’était d’ailleurs celui de Pepys au XVIIIe siècle, puisque les « 74 canons » français damaient le pion en termes de performance au navires anglais légèrement mieux armés), mais le seul qui permette pour l’heure une comparaison valide entre navires, et in fine entre marines.
« Le système de classification de Work est une simplification volontaire (ne prenant en compte que l’armement principal au détriment des autres variables) »
Quelles seraient les variables à considérer pour l’établissement d’un système européen de classification dans le contexte actuel/futur du rôle stratégique d’une force navale européenne ?
@calaf
Concernant l’excellence de la France en matière ASM, la diminution programmée du parc d’avions de patrouille maritime ainsi que les heures allouées à l’entraînement (en compétition avec les missions de service public) risquent à moyen terme d’impacter sérieusement les capacités françaises.
Concernant la portée des missiles, plus un aéronef peut se rapprocher sans risque d’une force navale, plus il a de chances de la détecter et de l’attaquer avec succès. Le tir de missiles trans-horizon nécessite une capacité de reconnaissance aérienne, et celle-ci est gênée par une menace missile à longue portée.
les autre marines qui disposent de plus de navires anti-aérien non pas de porte-avions type CDG avec ses E2C Hawkeye et rafales ( italie, espagne,japon,et même la grande bretagne)
Notons aussi un manque de personnels qualifié dans la sous marinade de plusieurs pays occidentaux ou alliés.
Nos SNA ont vu leur disponibilité s’effondrer l’année dernière, l’Australie n’a d’hommes que pour 3 de 6 sous marins, l’Afrique du Sud à également une grosse hémorragie.
Les Pays-Bas également : http://rdo.geopolitique.over-blog.c…
Pour le Canada, les Upholder sont vraiment ruineux et n’ont pas l’air de satisfaire l’amirauté.
Bonjour et merci pour cette intéressante analyse.
Je suis d’accord avec vous sur la faiblesse de la défense antiaérienne française comparée à celle d’autres grandes puissances, même si l’arrivée des Aster constitue un saut important par rapport à la situation antérieure.
Cependant il ne faut pas perdre de vue que les missions des marines sont différentes, et que cela explique en grande partie le constat que vous faites. Les navires américains ont été conçus avec l’objectif de contrer une attaque de saturation soviétique contre les groupes de porte-avions. En revanche la mission première de la flotte française est l’appui de la FOST, ce qui justifie la priorité donnée à la lutte ASM (dans laquelle la France excelle) et la faiblesse que vous avez justement pointé de la défense anti-aérienne.
Une remarque encore concernant l’allonge des missiles antiaériens. Un missile sea-skimming discret ne pourra être détecté par sa cible au mieux qu’à une vingtaine de kilomètres (avec le missile supersonique russe Sunburn, le temps de réaction pour la défense est alors de 30s environ). Disposer de missiles antiaériens de longue portée n’est donc utile que pour l’interception d’appareils volant à haute altitude. Aussi le critère essentiel pour une défense anti-missile ne me semble pas être la portée mais le temps de réaction et la manoeuvrabilité du missile, ce qui place l’Aster européen en très bonne position face à ses concurrents. A noter d’ailleurs que les russes utilisent principalement le SA-N-9 Gauntlet pour la défense anti-missiles, missile dont la portée est évaluée à une quinzaine de kilomètres.
Je suis d’accord avec votre analyse de la situation. Les faits parlent d’eux-même. 8 navires (cf le site meretmarine) vont prochainement être retirés du service. Sans aucun remplacement prévu. Les navires de la MN, situation ignorée par la plupart, passent plus de jours à la mer que, par exemples, les navires US et britanniques. Ils s’usent donc plus rapidement… Compte tenu de l’importance des océans, et de notre patrimoine maritime, nos navires sont trop peu nombreux; comme vous l’avez souligné, ils sont insuffisamment armés (comparez les Horizon françaises avec leurs homologues italiennes, et faites de même avec les FREMM… Et, qui plus est, nos navires doivent assurer des missions de service public et de police qui seraient bien plus du ressort d’une garde côtière. Mais, la France ayant toujours préféré avoir à tenir un rôle continental plutôt qu’une vocation maritime, voilà où nous en sommes…
@ Frédéric
Bien vu pour la coquille (c’est corrigé).
Pour le 155 AGS, normalement rien ne s’oppose à leur intégration, si ce n’est les budgets…. ce qui est également le problème des patrouilles sans une partie de l’armement. La logique comptable et la logique opérationnelle ne font pas bon ménage…
Avec l’abandon probable du DDG-1000, il est certain que les capacités de combat de surface des DDG-1000 vont progresser.
Vous vouliez écrire DDG-51 😉
Est il possible d’intégrer le 155 AGS des Zumwalt sur d’autres navires ? Un obus coutera toujours moins cher qu’un missile.
Ils ne sont pas les seuls.
Sur Air Défense on indiqué que plusieurs navires de la RN partaient en patrouille sans une grande partie de leur armement (la marine nationale aussi), les missiles ayant une durée de vie limité.
En cas de crise, le temps qu’ils reviennent au port pour se réarmé, on perd au moins deux semaines et peuvent se retrouver vulnérable à une attaque.
@ Frédéric
Les Burke n’emportent pas de Harpoon en permanence, mais disposent de la capacité. Avec l’abandon probable du DDG-1000, il est certain que les capacités de combat de surface des DDG-51 vont progresser. Leur rôle premier reste néanmoins la défense aérienne des groupes aéronavals.
Quant à l’hélicoptère, ce n’est vrai que du Flight I (qui dispose d’une plate-forme mais pas de hangar) et Flight II, le Flight IIA (34 bâtiments, plus 8 possibles) disposant de deux SH-60.
Concernant les Aster, remarque très pertinente… Une donnée supplémentaire à prendre en compte.
A signalez également le fait que le stocks de munitions est limités : 200 Aster 15 au total sont prévu pour la Royale… De quoi tirer un maximum de deux salves pour l’ensemble des navires qui sont équipé de ce système.
Si les navires américains sont conçues pour avoir une plus grande autonomie que les notres, il convient de signalez que la plus importante classe de destroyers de l’USN, les Arleigt Burke, ne dispose pas de missile mer mer et sont dépendants de leur hélico dans ce domaine.
@ P4
L’Aster est effectivement un bon missile, même si je pense que sa portée (y compris pour la version Aster 30) est trop faible, surtout en comparaison avec les SM-2ER US, qui permettent d’envisager une défense lointaine. Ensuite, contre une attaque saturante, même si ils sont plus susceptibles d’intercepter le missile (en d’autres termes, si ils ont une Pk – probability of a kill – plus importante), le problème dans un scénario d’attaque saturante vient du nombre de missiles emportés. Un groupe aéronaval US avec un CG-52 et deux DDG-51 dispose d’un total combiné de plus de 200 SM-2. Un groupe aéronaval français articulé autour d’une Horizon ne disposera pour sa défense aérienne que de moins de la moitié de missiles, et leur portée sera inférieure. Donc même avec un temps de réaction plus faible, le risque qu’un missile passe au travers des mailles du filet est plus important. Dans le Pacifique pendant la seconde guerre mondiale, le principal facteur de survie des flottes US à la menace aérienne japonaise (y compris les kamikazes, qui ont eu une Pk très faible) était l’armement défensif. Les américains semblent avoir retenu dans une certaine mesure la leçon, mais les marines européennes non. Or la puissance de feu défensive est vitale, jouant le même rôle que le blindage, tandis que la furtivité électromagnétique joue le rôle d’un couvert.
Sur le second point, le modèle de classification de Work ne privilégie que la puissance de feu, ce pourquoi je disais qu’il s’agissait d’une simplification. Mais concernant l’endurance, les américains disposant du meilleur système de logistique à la mer existant (issu d’une longue expérience dans le Pacifique, là encore), je ne pense pas que la moindre endurance de leurs navires dont vous parlez (je manque d’infos sur le sujet) soit un problème majeur, la vulnérabilité du train d’escadre étant certes un risque tactique, mais acceptable. Là encore, il faut privilégier l’armement sur l’endurance pour des navires de combat de premier rang. Pour schématiser, les frégates européennes ont été conçues pour l’escorte, et sont les héritières de la bataille de l’Atlantique ; les destroyers US sont conçus pour le combat de surface et la défense de groupes aéronavals, et sont les héritiers de la guerre du Pacifique. Or une marine équilibrée se doit de faire les deux (par symétrie, le déficit d’escorteurs US avec le retrait de la classe FFG-7 va devenir un véritable problème, que les américains souhaitent compenser en partie au travers de leur « 1000-ships Navy », c’est à dire en sous-traitant les tâches « subalternes » à leurs alliés, eux se réservant le combat ; un grand classique). Vouloir agir de manière souveraine impose de disposer de véritables navires de combat. En s’en privant, la Marine nationale – et plus largement les Etats européens – confirment un manque de vision stratégique.
Enfin, concernant l’emport de Tigres sur une frégate, c’est effectivement une piste intéressante. Un mix entre hélicoptères ASM (NH-90) et drones de type FireScout armés permettrait également de démultiplier les capacités d’une frégate, d’autant qu’un FireScout prend moins de place qu’un Tigre. Mais on peut imaginer un raid sur une cible au sol avec un couple FLF/Tigre par exemple, ou toutes sortes de combinaisons. Il faut être imaginatif.
Bonjour,
Je suis plutot d’accord sur la faiblesse numérique des armements, par contre il semble que le couple Aster/Sylver soit bien plus capable de faire face à une attaque saturante car le missile est véloce et tir beaucoup de g, le système de VLS Sylver offre un temps plus court entre deux tirs que l’Américain.
La grille d’analyse US ne minore elle pas l’importance de l’endurance des batiments, sur ce point les batiments US/JP/KR sont dérrière les notres HRZ/FREMM/FFL(/Floréal
) et les pétroliers ravitalleurs des cibles de choix.
Pour les menaces asymétriques l’emploi d’un tigre par frégate pourrait compenser à meilleur cout.
@ ZI
Remarques dûment notées. Hughes est une excellente introduction à la tactique navale (et même bien plus qu’une introduction !). Les écrits de Hughes forment d’ailleurs une large part de mes « sources » pour cet article.
Concernant le porte-avions, je ne l’oublie pas. Mais pour comparer la situation du groupe aéronaval français avec un de ses homologues américains, force est de constater que les escorteurs des porte-avions américains (CG-47 et DDG-51) sont à la fois plus et mieux armés (et plus nombreux pour un seul porte-avions !) que les navires équivalents de la Marine Nationale. L’existence des appareils du groupe aérien du porte-avions ne dispense pas les navires de surface d’une défense crédible. D’une part parce qu’avec un seul porte-avions (et même avec deux !), ces appareils ne peuvent être partout. Ensuite parce qu’en faire les seuls éléments de défense lointaine de la flotte revient à en immobiliser pour cette tâche une grande partie, conduisant à en disposer d’autant moins pour d’autres missions. Enfin, parce qu’une défense (ou une attaque) est d’autant plus efficace qu’elle est menée avec des moyens complémentaires, mais de nature différente, de manière à présenter à l’adversaire un dilemme. Disposer à la fois d’intercepteurs et de missiles permet de ne reposer ni sur l’un ni sur l’autre exclusivement.
Concernant le deuxième point, je n’ai effectivement pas fait mention de la guerre électronique et des systèmes de soft kill par souci de simplicité. Ces systèmes jouent un rôle significatif dans la défense contre les attaques missiles, mais ils ne sont pas suffisants seuls. Là encore, comme pour l’attaque, les systèmes soft kill et hard kill sont complémentaires. Le fait que les européens les privilégient n’est pas en soi un problème. Mais le fait est que les systèmes de type Phalanx ont prouvé leur efficacité (et sont d’ailleurs employés en Irak pour détruire les obus de mortier), et que leur coût est bien moindre que celui de la perte d’un navire… En sus, ces systèmes sont également efficaces contre les attaques moins « intelligentes » que les missiles, comme les bombes guidées (une GBU-39 ou une AASM sont des armes antinavires plus que potables). De même, ils sont plus réactifs en milieu littoral et permettent de mieux contrer les attaques saturantes. Il est toujours dangereux de se reposer sur une solution unique…
Concernant le dernier point, je répondrai en deux temps. D’abord, il est sans doute plus dangereux en l’occurence de sous-estimer les capacités de ces missiles que de les sur-estimer. Ensuite, des missiles comme le BrahMos ou les SS-N-22 ou -25 sont pris très au sérieux par les spécialistes. Enfin, les Russes comme les Chinois ont largement rattrapé le retard datant de la guerre froide en matière d’électronique, et ne peuvent de toute manière que progresser. En outre, rien ne dit qu’il faudra toujours affronter des adversaires dotés de missiles chinois ou russes ! La prolifération de missiles comme le Harpoon ou… l’Exocet est également très importante, et les Malouines comme l’Irak (en 1988 et 1991) ont montré qu’une force occidentale peut se trouver opposée à des adversaires dotés de matériels de la même origine. Second point, la reconnaissance. Les Soviétiques, en leur temps, avaient mis au point pour attaquer les groupes aéronavals américains un « complexe de reconnaissance-frappe » qui, même si rien ne dit qu’il aurait fonctionné aussi bien dans la pratique, permettait en théorie de reconnaître et de frapper les groupes aéronavals US de loin. Or, les groupes US de l’époque avaient plus d’allonge (notamment avec le couple F-14/AIM-54) que le groupe aéronaval du Charles de Gaulle (ou d’ailleurs les groupes aéronavals US d’aujourd’hui, limités au couple F/A-18E/F et AIM-120), et là encore l’électronique (notamment les radars et les systèmes de guidage) a bien progressé depuis, rendant d’autant plus probable un « complexe reconnaissance-frappe » efficace.
Toutes tes remarques sont pertinentes, et rappellent que la guerre est affaire de circonstances (comme le disait de Gaulle). Il faut sans doute nuancer mon propos. Mais il n’en reste pas moins que la Marine nationale (et l’ensemble de ses consoeurs européennes) n’est à mon sens plus en mesure de livrer aujourd’hui une guerre navale de haute intensité sans y laisser de nombreuses plumes.
Trois remarques de béotiens( à part Hughes je ne connais pas grand chose à la tactique navale):
La marine possède encore un porte-avions. On doit le prendre en compte, il a un rôle à jouer aussi bien en mer que contre la terre. Justement par exemple en évitant(grâce à l’allonge de ses avions) qu’on aie à se poser la question de savoir si une FREMM aura assez de moyens défensifs.
Deuxième point, il n’est fait aucune mention(par soucis de simplification sans doute mais…) des contre-mesures électroniques ou autre, bref les moyens de « soft kill » qui sont justement privilégié par les européens sauf erreur de ma part. Ces moyens ne sont pas négligeable, ils ont prouvé leur efficacité en pendant la guerre du Kippour.
Dernier point, aussi impressionnantes qu’elles soient, les performances nominales des missiles d’origine russe ou chinoise ne sont pas nécessairement en rapport avec leur utilisation effective. Encore faut-il disposer des moyens de reconnaissance nécessaire pour les utiliser.
Ce sont trois remarques qui ne visent pas à remettre en cause le tableau présenté, la situation est effectivement dégradée, mais le nuancer un peu. La classification de Work a les défauts de ses qualités…