
Forum de la pensée militaire « La Plume et l’épée » à Tours
Les 16 et 17 mai, à l’Hôtel du grand commandement de Tours, se déroulera le forum de la pensée militaire « La Plume et l’épée », organisé par le CoFAT (Commandement de la Formation de l’Armée de Terre). L’objectif du CoFAT est de « stimuler la pensée militaire à travers la production écrite des militaires » et « stimuler la culture militaire et, bien entendu, d’honorer ceux qui ont déjà fait l’effort de publier« . Deux prix seront remis à cette occasion, l’un, L’épée et la plume récompensera un auteur militaire, l’autre, La plume et l’épée, un auteur civil. Les finalistes sont :
- Prix L’épée et la plume :
– lieutenant-colonel Cyrille Becker, pour l’ouvrage Relire « Des principes de la guerre en montagne » de Bourcet,
– lieutenant-colonel Michel Goya pour l’ouvrage La chair et l’acier,
– colonel Benoît Durieux, pour l’ouvrage Clausewitz en France.
- Prix La plume et l’épée
– Joseph Henrotin, pour l’ouvrage La technologie militaire en question,
– Jean-Paul Mari, pour l’ouvrage Sans blessures apparentes,
– François Robichon, pour l’ouvrage Edouard Detaille, un siècle de gloire militaire.
Outre ces auteurs, d’autres écrivains dédicaceront pendant le week-end, et des tables rondes seront organisées. L’hôtel du grand commandement sera pour l’occasion ouvert au grand public, samedi comme dimanche. Tous les détails de la manifestation peuvent être trouvés sur le site du CoFAT.
L’organisation de ce forum est un signe positif de plus dans le renouveau d’une pensée militaire dynamique en France, et montre que la réflexion sur les questions stratégiques et de défense en France est bien présente. Il est essentiel que les armées favorisent un débat ouvert et franc sur ces questions, tant de la part des civils que des militaires eux-mêmes, et développent des structures à cet effet. C’est aussi à cela que l’on mesure la force d’une République, et la grandeur d’une Nation.
Je suis d’accord avec Pam (salut camarade), la situation s’améliore, et avant de prétendre composer une symphonie, il faut apprendre le solfège…
Je crois que ce dont nous avons besoin aujourd’hui c’est encore d’une pédagogie ouvrant sur l’appropriation d’une forme « d’humanités » militaire par les jeunes générations d’officiers. Le débat et la polémique ne sont vraiment utiles qu’entre gens suffisament instruits pour pouvoir avant de se disputer, au moins se comprendre. Et pour ce qui nous interresse, si possible avec des officiers capables d’apporter le lien entre leur expérience et les raisonnances intellectuelles qu’ils en auront tirés.
Je viens de lire l' »essai sur la non bataille » de G. Brossolet (qui soit dit en passant devient presque introuvable…) je pense qu’un travail de cette rigueur intellectuelle demande outre des qualités personnelles évidentes, d’avoir quelque-peu potassé ses classiques.
Par ailleurs, si on veut absolument lire de l’original et du non conformiste, alors il y a tout ce qu’il faut sur internet, mais mieux vaut savoir lire l’anglais…
Cordialement
Ayant récemment suivi l’enseignement du cours supérieur d’état-major, je pense être assez au fait de l’extension d’une nouvelle pensée militaire française.
Si le billet d’humeur d’André Thiéblemont est parfaitement légitime de la part d’un auteur aussi polémiste qu’impatient de vois ses arguments reçus, je ne partage pas son jugement sévère sur l’institution.
Certes les mentalités évoluent lentement, mais il ne faut pas négliger le temps d' »infusion » nécessaire pour qu’une idée fasse son chemin dans toute institution.
Rappelons nous qu’il y a encore cinq ans, le fait même qu’un officier lise de la littérature militaire passait pour du zèle naïf, voire pour un hobby stérile.
Le fait de suggérer (avec insistance, certes…) des listes de lectures classiques à nos jeunes officiers en école commence à peine à sembler normal, plutôt que d’être attibué aux lubies d’un général de corps d’armée se piquant de culture.
A mon sens, la pente est donc bonne. Si la lecture d’ouvrages polémiques n’est pas encore encouragée à mon avis, c’est que le niveau moyen de culture n’est pas encore atteint pour permettre une critique constructive dans tous les esprits. Nous voyons, par exemple, souvent critiquer Clausewitz ou Jomini, par des gens ne les ayant pas lus. Voilà où nous en sommes.
Je ne crie donc pas à l’imposture, et repars me plonger dans de bonnes pasges de Raymond Aron.
Cher amis, vous trouverez sur mon blog un article sur Solidarité Défense, une association qui aide nos soldats en opération et leurs familles en cas de difficultés graves. Pour que tous ceux qui se sentent républicains, concernés par l’Esprit de Défense et le lien Armée-Nation puissent participer au soutien de nos Forces et au moral de nos Soldats en opérations extérieures.
Merci à tous les bloggeurs de relayer l’information ou de faire un petit post sur le sujet si le cœur leur en dit.
http://www.menestreletgladiateur.bl…
@ André Thiéblemont
Bonjour,
Je ne pense pas cautionner ou être dupe de quelque manipulation que ce soit, fût-elle inconsciente. Je ne dis pas que la situation est parfaite, et elle peut – et doit – encore s’améliorer. Quand j’écris « il est essentiel que les armées favorisent un débat ouvert et franc sur ces questions, tant de la part des civils que des militaires eux-mêmes, et développent des structures à cet effet », cela doit s’entendre comme un objectif à atteindre, et non comme de la satisfaction pour la situation actuelle. En outre, débat franc et ouvert veut bien dire ouvert à tous les savoirs, et aussi et surtout à la remise en cause. J’entends et je partage pour partie votre propos, mais je pense que l’action du CoFAT, dans le cadre de ce forum en l’occurence, va dans le bon sens. La situation de fermeture que vous décrivez aura besoin de temps pour se résorber, et l’ouverture, même si elle peut paraître timide, me semble sincère et doit donc être encouragée. Même si je suis conscient qu’il reste du chemin à faire, je maintiens qu’il s’agit là d’un signe positif. Une institution pluri-séculaire n’est pas facile à mettre en mouvement, mais impossible n’est pas français.
Je voudrais ici noter qu’il y a quelques illusions à croire que la pensée sur la chose militaire est en France en voie de se libérer. Certes, elle s’ouvre aux travaux des historiens ou à ceux qui manient une pensée purement spéculative suffisamment déconnectée de l’actuel pour ne pas le mettre en question. Mais elle reste fermée, voire hostile à une sociologie critique du présent, à une histoire immédiate qui rende compte de ce qui se passe réellement dans les rangs. Ainsi du site du Cofat et de sa présentation « actualisée » de « la » culture militaire entendue comme un ensemble de savoirs intellectuels attestés par l’institution: tous les ouvrages quelques peu dérangeants et non conformes à cette conception de « la » culture militaire ont été épurés de la bibliographie de ce site. Je suis un peu navré que vous vous fassiez le propagateur de ce forum sans aucunement prendre de distance avec une manipulation intellectuelle, sans doute inconsciente j’en conviens, mais néanmoins trompeuse.
André Thiéblemont