
Parution de « Guerre d’Afghanistan. La campagne stratégique pour le Grand Kandahar (2001-2011) » – Histoire & Stratégie n°05, avril-mai 2011
Je suis heureux de vous annoncer la parution de ma première publication intégrale, sous la forme du cinquième numéro de la revue Histoire & Stratégie, consacrée à la « campagne stratégique pour le Grand Kandahar », c’est-à-dire aux opérations ayant opposé Taliban et ISAF dans le sud de l’Afghanistan. Alors que les regards des médias sont tournés vers la Libye et la Côte d’Ivoire depuis quelques jours, l’Afghanistan demeure le premier théâtre d’opérations de l’OTAN comme de la France, qui y engage près de 4000 de ses soldats.
Voici la couverture, suivie de l’éditorial et du sommaire de ce numéro, qui avec près de 100 pages (350 000 signes), plus de 150 photos et cinq pages de cartographie est un véritable petit ouvrage, le premier en français sur le sujet. Ce numéro de Histoire & Stratégie devrait être disponible en kiosque vers le 10 ou le 15 avril.
Editorial
En octobre 2011, la guerre en Afghanistan fêtera son dixième anniversaire. Conséquence directe des attentats de New York et de Washington, le 11 septembre 2001, l’invasion de l’Afghanistan taliban par les États-Unis, à partir de la nuit du 7 au 8 octobre 2001, marque le début de la guerre la plus longue de l’histoire américaine, et de la première guerre jamais livrée par l’OTAN en son nom.
Aujourd’hui, à l’illusion d’une victoire rapide a succédé le doute dans la possibilité d’une victoire même symbolique contre la résurgence d’un mouvement taliban qui, ayant perdu une bataille, s’est refusé à s’avouer vaincu et a continué la guerre. Mettant en œuvre une stratégie offensive, les Taliban se sont, dès 2003, lancés à la reconquête de l’Afghanistan, et en premier lieu de ce Grand Kandahar qui les a vus naître et qui, au-delà des aspects symboliques, constitue la clé de l’Afghanistan, du fait de sa position centrale, permettant de rayonner tant vers l’est que vers le nord et l’ouest du pays.
Face à eux, les soldats britanniques, canadiens, australiens, néerlandais puis, à partir de 2009 surtout, américains, se sont efforcés de remplir une mission de sécurisation de plus en plus difficile, confrontés à un adversaire combatif, capable de mener des opérations complexes. Subitement, la mission aux accents humanitaires qui était encore la leur au printemps 2006 a basculé et est devenue une véritable guerre, à la stupeur des décideurs politiques et militaires des nations de la Force internationale d’assistance et de sécurité (International Security and Assistance Force – ISAF), surpris par un événement politique, la guerre, qu’ils avaient depuis longtemps bannie de leur vocabulaire.
Plus longue et plus intense campagne militaire de la guerre en Afghanistan, la lutte pour le Grand Kandahar est aussi l’histoire de l’échec successif de doctrines de guerre ayant oublié que, émanation de la politique, la guerre est « la dialectique des volontés opposées », et à ce titre se livre entre deux ennemis, au lieu de viser des objectifs abstraits comme l’accroissement de la sécurité et de la gouvernance ou les « cœurs et les esprits » d’une population qui, quel que soit le vainqueur, désire surtout qu’on la laisse en paix.
C’est cette campagne que relate ce numéro d’Histoire & Stratégie, sous la plume de Benoist Bihan, historien, chercheur en stratégie et en questions de défense, et animateur du blog La Plume et le Sabre. Fruit de plus d’un an de recherches et de réflexions, le présent texte est le premier récit en français d’une campagne stratégique dont l’influence sur les évolutions de la science et de l’art de la guerre sera durable.
Sommaire
Éditorial
« Loya Kandahar ». Essai de définition d’un théâtre d’opérations
Les six régions : une autre approche de « l’AfPak »
Le Grand Kandahar, sous-ensemble stratégique de l’Afghanistan
Carte : L’Afghanistan en guerre : situation stratégique générale
Le Grand Kandahar comme théâtre d’opérations
Focus : Théâtre de guerre, théâtre d’opérations, etc. : éléments de vocabulaire
Règne et chute des Taliban (1994-2001)
Ascension et règne des Taliban
L’Afghanistan taliban à l’heure d’Al-Qaïda (1998-2001)
Focus : La naissance des Taliban, entre mythes et réalité
La chute des Taliban et la prise de Kandahar (octobre-décembre 2001)
Première partie: Offensive stratégique contre stabilisation managériale
De l’exil à la contre-offensive. Les Taliban dans le Grand Kandahar, 2002-2005
Un proto-État en exil.: la reconstitution des Taliban au Pakistan (2002-2003)
Carte : Le Grand Kandahar : sous-système stratégique de l’Afghanistan
Le retour des Taliban dans le Grand Kandahar (2003-2004)
Focus : l’organisation politique et militaire du proto-État taliban
La première phase de l’offensive stratégique des Taliban (2004-2005)
Le business plan de l’ISAF pour le Grand Kandahar
Sécurité, développement et gouvernance : les trois piliers d’un plan de croissance
L’anti-stratégie de l’ISAF face aux Taliban
Trois provinces pour trois nations
Les limites militaires d’un plan de maintien de la paix
Deuxième partie : Choc, stupeur et morcellement (2006-2008)
Une saison en enfer (été 2006)
Le déséquilibre des forces
Opération Mountain Thrust : le coup de pied dans la fourmilière
Le nid de frelons : la deuxième phase de l’offensive stratégique des Taliban
Platoon houses : les Britanniques dans la tourmente
Opération Medusa : la fin des illusions
La guerre d’usure (2007-2008)
Helmand : reprendre l’initiative
Les limites de la contre-insurrection
Carte : De l’embrasement à l’enlisement (2006-2008)
Jusqu’au bout : une lutte d’endurance
Troisième partie : La guerre américaine (2009-2011)
L’américanisation. Le plan McChrystal et le surge afghan, 2009-2010
Panchai Palang et Khanjar : dégager la TF Helmand
Carte : L’ISAF à la reconquête de l’initiative (2009-2010)
Donner une nouvelle direction à la guerre : le plan McChrystal pour l’Afghanistan
Focus :Les forces de sécurité nationales afghanes, l’outil défait de la victoire
Moshtarak : une opération sur les perceptions
Hell-Land(s). Guerre de haute intensité dans le Grand Kandahar, 2010-2011
Les Taliban passent sur la défensive stratégique dans le Grand Kandahar
Hamkari : reprendre Kandahar
Carte : Blocage opératif dans le Grand Kandahar, 2010-2011
Les défis à venir de la campagne pour le Grand Kandahar
Quatrième partie : La campagne du Grand Kandahar, le conflit en Afghanistan et la guerre au XXIe siècle
Neuf ans de campagne. Analyse des opérations, 2002-2010
Une opératique avec des forces irrégulières : les opérations des Taliban
Le choc mental de 2006, ou comment des armées ont pu oublier l’existence de la guerre
La fragmentation, prix d’une approche techniciste
Le retour aux fondamentaux américains et les limites de la contre-insurrection
L’Afghanistan, matrice de la guerre au XXIe siècle ?
Convergences tactiques et confirmations des fondamentaux
Opératique : la confirmation des principes
Vers une théorie unifiée de la guerre : l’héritage stratégique
Bibliographie restreinte
@ tous :
Merci pour ces commentaires.
@ Thiéblemont :
Je partage pleinement votre analyse. La réexploitation doctrinale de l’expérience coloniale me semble en effet un réel problème, qui conduit notamment à biaiser la perception des conflits contemporains en les lisant à l’aune d’une grille de lecture archaïque. L’essor du « culturalisme » dans la lecture de l’Autre en est, par exemple, une manifestation.
Je me permets d’ajouter une réserve. Officielle ou non, la littérature sur l’Afghanistan ne cesse de stigmatiser l’action américaine, sans jamais et d’une aucune façon mettre en question nos propres conceptions, épousant la doctrine américaine ( notion de stabilisation) tout en simulant l’originalité par du copier-coller sur notre passé colonial dit « pacificateur » et sur une psychologie de poubelle (« gagner les coeurs et les esprits ») Les seuls à ne pas s’y tromper sont ceux qui sont sur le terrain AT
Monsieur,
Je voudrai que ce numéro 5 d’Histoire et stratégie puise être réédité sous forme d’un ouvrage car il constitue un modèle d’analyse et de réflexion géostratégiques Notamment, le regard critique et documenté porté sur le « business plan de l’Isaf » (p034), niant la guerre et faisant de la « stabilisation » le noeud de la « victoire stratégique » procure un certain recul sur ce que fut et ce qui reste encore la doctrine française, ( voir l’opuscule du CDEF, gagner « la guerre, conduire la paix) » Cette partie de votre document montre en creux à quel point les doctrines occidentales furent (et sont peut être encore) inspirées par une culture de paix et combien, malgré quelques rodomontades, la pensés stratégique reste en France d’une grande pauvreté. J’espére, je souhaiterais, j’aimerais qu’à l’issue de ce remarquable travail,vous puissiez vous engager dans un essai théorique, stigmatisant notre pensée a-stratégique actuelle, ne cessant de contourner l’affrontement contre l’Autre Rencontrons-nous! André Thiéblemont
Bonsoir,
Au dela de la théorisation et la conceptualisation des stratégies militaires ,se pose la question fondamentale et individuelle du pourquoi de son engagement.
Les afghans se sentant envahit ne font que défendre leurs terres et savent qu’ils mourront pour cela.A quoi pensent les soldats ( dont leur métier est d’obeïr aux politiques et ce, quelque soient les ordres) de la coalition ?
Je suis en train de le feuilleter, je ne puis qu’acquiescer aux précédents commentaires
Bonjour,
Je viens de le terminer, vraiment une exelente étude, avec enfin une analyse rationnelle sur les combats et sur les forces occidentales.
du très bon « boulot »
merci
Votre travail est tout simplement,
remarquable,majeur et fera date
auprès des connaisseurs.
Le lien que vous établissez entre
guerre et politique (ou rétablissez)
pointe bien le cœur des enjeux.
Félicitations !
Tout simplement bravo !!